Témoignages

Dans le cadre de la Coopérative, nous avons tous les mardis matins une séance libre d’accès et d’écoute qui nous permet de recueillir des témoignages précieux concernant les expériences de travail qui ont jalonné le parcours professionnel de chacun. Ces témoignages accompagnés de thématiques liées à la santé au travail, à l’organisation au travail, au management, sont autant de contributions qui vont ouvrir différents registres qui nous occuperont à l’avenir en lien avec la Fabrique d’Avenir et le public qui nous rejoindra sur la plateforme Axe-libre.

Voici quelques citations issues de nos séances à Axe-libre, du projet Écoute et de nos interviews.

Projet Écoute

« Je sens qu’il va falloir que j’arrive à trouver une profession où j’arriverais à répondre aux exigences de la société sans que ça m’atteigne personnellement »

« Peut-être que ce métier n’est pas pour toi ! Pour qui est ce job, sérieux, dans les conditions dans lesquelles on travaille ?»

« C’est vraiment contrariant, très contrariant, que le corps ait décidé à ta place »

« Avant, c’était pourquoi je ne m’autorise pas le télétravail ? Maintenant, c’est comment gérer mon télétravail ? »

« Aller c’est parti, je vais à la découverte de quelque chose, je vais travailler sur moi et je vais aller dans la profondeur des choses et je vais me respecter »

« Il faut que je me désintoxique »

« L’enseignement, c’était transmettre des connaissances, transmettre aussi certaines valeurs de vie et construire des relations avec les enfants… j’idéalisais beaucoup »

 

L’échange, le témoignage

« On s’est rendu compte que c’était important d’avoir un moment où il y ait quelque chose qui concerne l’échange et le témoignage. Avec le témoignage, on ne peut pas avoir un avis pour ou contre. Quand on témoigne, c’est notre vie. Donc personne ne peut dire si ce qu’on a fait est bien ou pas. L’objectif de ces équipes, c’est d’arriver à ce qu’on ne soit pas dans des points de vue, mais qu’on soit dans une restitution de notre expérience. C’est un des éléments, un des critères » – septembre 2021.

À propos de la Coopérative

« Je me demande si ce ne serait pas une bonne idée de mettre en avant le terme « coopérative ». Qu’on sache ce que ça veut dire. Pour moi, c’est quelque chose qui est très fort ici. Quand je dis que je suis dans une coopérative, c’est un peu la première phrase que je balance quand on me demande ce que je fais. C’est quelque chose qui fait partie de mon processus » – septembre 2021.

« Notre méthodologie, c’est de faire en sorte que chacun puisse trouver son compte à la coopérative et de travailler à comment il veut faire pour développer des choses dans sa vie, un projet. Nous allons lui donner une boîte à outils pour qu’il construise et qu’il identifie ce qu’il veut faire, et ensuite ce à quoi il doit faire front » – septembre 2021.

« Ici on n’est pas dans un cocon. Moi, je me bats avec tous ceux qui disent : « Ici vous êtes bienveillants ». On n’est pas bienveillants, on est exigeants. Créer son projet et s’y tenir, c’est super difficile » – septembre 2021.

« Chacun a son propre projet de vie, ses propres envies, et on va développer ça à partir de vos besoins » – septembre 2021.

Organisation du travail

« Comment organiser le travail pour ne plus le sentir comme une corvée, pour qu’il ne soit plus perçu comme une contrainte? Ça devient alors une production de valeurs à laquelle on prend du plaisir » – août 2021.

« La question, la majorité du temps, ce n’est pas le travail, le cahier des charges, ce sont les relations entre collègues, et ça ce n’est pas une chose qui est écrite dans le cahier des charges » – août 2021.

Être à l’écoute

« L’écoute, on en revient à ça. Le respect. Être à l’écoute de l’autre. Et de soi-même aussi. Si ça me dérange, qu’est-ce qui me dérange, et après pouvoir le dire à l’autre, et que l’autre l’entende » – octobre 2021.

« Il peut des fois ne pas y avoir d’écoute, mais dans un deuxième temps on réfléchit et on se dit : « Il faut changer les choses ». Mais le changement n’intervient jamais du jour au lendemain. Le changement, c’est une dynamique d’équipe. Qu’est-ce que ça implique? Des fois on voit bien : Combien de fois il faut se le répéter à soi-même, voire à l’autre, une chose. Je ne suis pas sûre qu’on arrive à changer comme ça nos habitudes » – octobre 2021.

Cadre de travail

« Dans une entreprise, comment mettre un cadre qui au final ne soit pas trop cadrant pour laisser à chacun une liberté de pouvoir répondre à ses besoins. C’est hyper-complexe » – octobre 2021.

« Si on parle du cadre de travail. C’est intéressant. Est-ce qu’on a une discipline dans un travail ? Qu’est-ce qu’une discipline ? » Qu’est-ce qu’un cadre ? – octobre 2021.

« Il y a des jours où on est super-tranquilles, on peut se sentir tout seul, et d’autres jours où il y a beaucoup plus de dynamique, beaucoup plus de monde, donc on a peut-être l’impression de moins travailler ; mais je ne suis pas du tout sûre qu’on travaille moins. Parce qu’en fait ça crée une dynamique où on peut se rencontrer. Le fait qu’il y ait une proximité fait aussi que ça crée des échanges » – octobre 2021.

Télétravail

« C’est intéressant de voir comme ça change totalement l’expérience par rapport au bien-être au travail, on voit que ce sont des conditions qui paraissent annexes au contrat de travail et à la convention qui est mise en place entre le travailleur et l’employeur, et en fait ça a un impact direct sur l’activité professionnelle, et comment on vit cette activité » – octobre 2021.

« Pour les uns et les autres, c’est à partir de combien de jours de télétravail que vous avez trouvé que vous déconnectiez totalement au niveau social ou au niveau physique, et à partir de combien de jours vous avez quand même des côtés positifs dans le télétravail ? » – octobre 2021.

« Est-ce que vous vous êtes dit : « Si j’avais pu faire du télétravail dans cette entreprise, j’aurais pu rester » ? Il y aurait peut-être eu moins de turn-over ou des choses comme ça, moins de personnes qui seraient parties de cette entreprise, et ainsi de suite » – octobre 2021.

Le regard d’une stagiaire

Bonjour, je m’appelle Amandine, j’ai 19 ans et je fais actuellement un stage à la Coopérative. J’ai eu accès à de nombreuses interviews de la plupart des personnes qui vont et viennent à Immunitas. D’ailleurs, on y parle aussi de la santé au travail, un état très important que le monde néglige beaucoup, ce qu’on remarque en lisant ces interviews… Suite à ces lectures, j’ai sélectionné des énoncés que je trouvais intéressants:

« Je n’ai pas pu continuer et j’ai donc arrêté. Je suis restée pendant à peu près deux ans à la maison, jusqu’à ce que mon médecin me dise que mon conseiller AI demandait à ce que je fasse un essai de réintégration. Donc je suis allée à Balthasar avant d’aller à Immunitas, ce qui semblait être le parcours logique. {…} J’ai rencontré Eveline pendant une heure et elle m’a dit : « Madame Y, quel que soit votre projet, que vous retourniez au CHUV ou pas, que vous alliez travailler ailleurs, que vous décidiez de faire du bénévolat ou de changer de profession, je ne vous abandonnerai jamais ». »

« Quels projets as-tu amené avec toi quand tu es arrivé chez Immunitas, qu’as-tu proposé ?

On a rebondi sur Genève avec le Salon d’Eté et j’ai proposé mon premier produit : des salades en pot. On en a fait des milliers avec N. Puis nous avons réfléchi à d’autres produits. Cela faisait depuis l’âge de vingt ans que j’avais envie de faire des brownies et de les vendre. Une chose impossible qui devenait alors possible avec Immunitas. Cette ouverture nous a permis de commencer les carrés et les barres de céréales puis maintenant les brownies, les cookies, et toutes sortes de biscuits. J’ai trouvé un contrat avec une salle de jeux dont le patron désirait des produits à l’américaine pour attirer les familles. {…} Dans la vraie vie, on serait en faillite depuis longtemps mais avec Immunitas il y a des possibilités. »

« Grâce à Eveline je peux faire plein de choses qui me font triper, qui m’intéressent ou que je trouve drôles. »

« Si l’on veut avoir une chance, il faut y aller et jouer avec toutes les cartes que l’on te propose. »

« Mon objectif serait d’avoir une centaine de lieux de vente afin de pouvoir engager un employé fixe à plein temps. »

« D : Dans la vie, on est pas mal programmés à avoir des attentes et l’on se fixe des objectifs que l’on atteint ou pas. Mais ici, il y a très peu d’échecs et s’il y en a un, ce n’est presque pas prononcé, à moins vraiment de faire une grave erreur. Mais on est toujours rattrapé par quelqu’un dans l’équipe qui fait que ça va. C’est une approche que l’on ne retrouve pas dans les autres structures grand public de réintégration qui sont plus dirigées sur la finalité, ce qui n’est pas un cadre dans lequel je rentre. »

«L : C’est un bon tremplin si l’on souhaite avoir des projets dans la vie en général. »

« Avec chaque personne il y a de nouvelles opportunités. Je ne sais pas si les études en tant que telles m’ont vraiment ouvert un champ, je ne crois pas. Ce sont plus les rencontres qui ont été formatrices. »

« C’était le bon moment, la bonne reconversion au bon endroit avec le bon truc dont j’avais besoin. »

« M’occuper de plein de projets et de faire en sorte que les personnes qui sont en mesures ici puissent les mener. »

« Comment cela s’arrête-t-il {le travail} ?

Un burn-out. {…} Un était d’angoisse et de stress au maximum. Je ne m’en rendais pas du tout compte, je pensais que j’avais des palpitations, donc peut-être un problème cardiaque. Mon corps s’exprimait en me faisant comprendre qu’il y avait des problèmes, mais je ne savais pas comment les interpréter. J’avais des torticolis… mais en allant faire vérifier mes battements du coeur il n’y avait rien de particulier. Peu à peu en consultant on m’a demandé si j’étais stressée au boulot et j’ai répondu : « Oui, comme tout le monde ». Je ne réalisais pas que j’étais bien en dessus de mes limites depuis un bon moment déjà. »

« {…} C’est une évidence pour moi d’aider les gens et j’ai été surpris de voir que l’on pouvait gagner sa vie avec ça car je l’ai fait si longtemps gratuitement. »

« {…} pour moi, l’essentiel c’est de sortir de chez moi et faire quelque chose d’utile. Si je ne fais rien, j’ai l’impression que ma journée est foutue. »

« {…} Je fais tout ce que je suis capable de faire pour que cela aboutisse, et si cela n’aboutit pas, je n’ai pas encore quarante ans, je suis assez jeune, on avisera. »

« Tous ces partages dans le cadre d’Immunitas et Fabrique d’Avenir, cette possibilité de mettre toutes nos idées en œuvre et en toute liberté, il n’y a pas mieux. C’est le meilleur des cadeaux que l’on peut faire à un être humain. »

« Ce qui m’importe dans l’accueil c’est d’ouvrir la porte à l’inconnu et transformer quelque chose que l’on croyait impossible en quelque chose de possible. »

« {…} C’est le monde du travail, défini comme normalisant, qui a fait que ces personnes ont déconnecté car tous les individus que je rencontre savent travailler. Le monde du travail leur a fait croire qu’ils ne savaient plus travailler et, à un moment donné, ils ont cru eux-mêmes qu’ils n’étaient plus capables, alors que chacun a des ressources extrêmement précieuses. La responsabilité qui m’incombe, c’est de rendre visible ces ressources. Si l’on est pas d’accord avec certaines manières de travailler, il ne faut pas y retourner. On a le droit d’en inventer d’autres qui fonctionnent aussi. »

« Aucun être humain ne fait rien, c’est également une réalité. »